MEMOIRES
Sud-Gare : Mémoire d'une enfance rennaise des années 20 (Paul LE BOHEC)  Prix: 21.20 €
Dans les années 20-30, le quartier sud-gare n’en était qu’au début de
son histoire urbaine et c’était une zone rurale avant tout ! Des
chemins de terre qui menaient à des fermes où bourdonnaient les
batteuses en août, des champs qui s’offraient à perte de vue… tel était
le terrain d’aventure qu’investissaient les enfants des cheminots dont
les pavillons et les jardins commençaient à se substituer à l’espace
agricole.
Pourtant, elle était toute proche la grande ville avec, dans la fumée
des locomotives, son école de Quineleu qui menait victorieusement des
classes de plus de 50 élèves au Certif’ et, par delà la passerelle,
l’éventail des plaisirs citadins : le cinéma du Cercle Paul Bert (rue
de Paris), la piscine Saint-Georges, le vélodrome, le sacro-saint Stade
Rennais où quelques uns se glissaient en resquillant…
Et puis aussi, les fêtes, toutes les fêtes qui rythmaient alors le
temps et les saisons : la Fête des Fleurs, la Fête de l’Aviation, la
Mi-Carême, la Fête de la Jeunesse ! On s’y rendait à pied, parfois en
tram à baladeuses et chacun s’y amusait de grand coeur !
Ainsi, le quartier sud-gare – ni campagne, ni ville, ni faubourg –
menait sa vie particulière, dont une ambiance paisible dont l’écho
s’inscrit assurément dans la mémoire populaire de la cité rennaise.

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Revue de presse

Mémoire d'une enfance rennaise
Paul Le Bohec raconte le sud-gare, les fêtes, le stade, l'école laïque
Pédagogue passionné, Paul Le Bohec a consacré sa vie à la promotion de l'écriture. Il est logique qu'à la retraite, il ait eu envie de prendre la plume. Il vient de publier « Sud-Gare, mémoire d'une enfance rennaise des années 20 ». Ce livre est un bonheur de lecture et une belle leçon d'histoire locale.

Fils de cheminot, Paul Le Bohec, 79 ans, a passé son enfance rue Villiers-de-l'Isle-Adam, derrière la gare où il est arrivé avec sa famille en 1926, en provenance de « Saint-Brieuc-des-Choux ». Quartier Sainte-Thérèse aujourd'hui, c'était à l'époque des champs où l'urbanisation se profilait doucement. L'église Sainte-Thérèse n'existait pas. Les prisons étaient toutefois déjà là. Avec ses parents et ses deux frères, il a d'abord habité une maison en bois avant de vivre dans les premières maisons en pierre, au 54, rue Villiers-de-l'Isle-Adam.

Dans son ouvrage de souvenirs « écrits à la queue-leu-leu tels qu'ils ont surgi des fourrés » de « sa mémoire », Paul Le Bohec nous raconte, avec saveur et truculence, l'émergence du quartier. Pour les enfants, cet environnement était un vrai terrain d'aventure, avec les champs, les fermes, mais aussi les maisons en construction. Et puis les rues en terre où les charrettes s'embourbaient. « C'étaient des conditions de vie difficile mais on était heureux. L'école, c'était chiant au possible, mais on avait des revanches. Tout était libre. Et puis il y avait une bande de copains. C'était formidable ».

Hussards noirs

L'école, c'est celle du Quineleu, qui a fêté son centenaire récemment. Quineleu comme « cinq loups, quine leu », qui « menait victorieusement des classes de plus de 50 élèves au certif ».. Paul Le Bohec se souvient de ses maîtres, Perrodin, Tessier. Sans oublier « le père Postel, le considérable père Postel ». C'était l'époque des « hussards noirs de la République », des « Saints Laïques ». On vous recommande les leçons de géographie implacables avec d'inoubliables récitations de départements. Il y a aussi la découverte collective de la TSF entre copains, l'apparition du vélo, l'apprentissage laborieux de la religion etc

Paul Le Bohec narre l'histoire d'un quartier. Mais ses souvenirs d'enfance s'élargissent à la ville. Les matches de foot « au sacro saint stade rennais » où « mon père nous emmenait chaque dimanche mon frère Pierre et moi ». Et puis les parties de cinéma au Cercle-Paul-Bert, la piscine, le vélodrome, le passage du Tour de France. On n'oublie pas les fêtes qui « rythmaient le temps et les saisons ». La Fête de la Jeunesse à l'époque se déroulait le jour de l'Ascension où les jeunes défilaient en chantant « le corps soupe pléla marchaltière » (le corps souple et la marche altière). Il y avait aussi la fête des Fleurs avec des magnifiques chars, la Fête de l'Aviation, la Mi-Carême.

Ce livre est un vrai régal. Il est écrit avec le recul et la malice que l'on connaît à Paul Le Bohec. Il contient beaucoup de tendresse et d'humanisme. L'ouvrage s'achève sur une scène très émouvante. Le jour où Paul entre en pension. Juste après la séparation avec sa famille et son petit frère Robert, Paul manque de défaillir : « Soutenu, je me mets à marcher automatiquement. J'entre et pour toujours dans l'école de la vie ».

Paul Le Bohec a été instituteur pendant 30 ans (pédagogie Freinet) et a fini sa carrière comme enseignant à l'IUT des Carrières sociales à Rennes. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages à caractère pédagogique dont « Rémi à la conquête du langage écrit », aux éditions Odilon, 89 100. Nailly. Son épouse a également publié un ouvrage « Les patates au lard » qui, épuisé, sera réédité en 2 001.

Éric CHOPIN.
Ouest France, Rennes, 27 mai 2000





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